Charbon Fertile
Personal exhibition, 16/10/24 - 16/11/24, Galerie Détour (Namur, BE).
(For text scroll down)
Le travail d’Athanasia Vidali est une recherche continue sur la matière et l'influence qu'elle exerce sur l’acte de créer des formes sensibles. La matière indique des processus qui, à leur tour, conduisent à des intentions, parfois imprévues. Le dualisme, très anthropocentrique, établi entre le logos et la nature, entre transcendance et foisonnement vivant, doit être revisité selon l’artiste. Partant de cette démarche, le végétal s'est peu à peu inscrit dans son inventaire visuel.
Un tournant s'opère en 2022, lors d’une résidence d’artiste à Paros. Influencée par ce retour dans son pays natal, Athanasia Vidali commence à dessiner les plantes qui l'entourent en utilisant la terre du jardin comme médium. L'expérience se révèle puissante, car le matériau nourrit son geste d'une manière inattendue. De retour à Liège, elle s’intéresse à la terre de son lieu d'accueil dont le sol est teinté de noir par le charbon, une matière qui est si étroitement liée à l’histoire industrielle de la Wallonie.
Les œuvres présentées à « Charbon Fertile » constituent l’ensemble de cette recherche autour du végétal en lien avec les matérialités du paysage wallon. Pour dessiner, elle s’approprie des matières trouvées sur les terrils. Aujourd'hui, ces terrils, amoncellements de matières stériles, de déchets industriels, sont investis par une flore qui se nourrit du sol contaminé. Les résidus de charbon minéral - lui-même issu de plantes fossilisées - sont absorbés par la végétation qui se perpétue dans des cycles qui semblent à la fois fragiles et persistants.
Pour obtenir les bruns et les noirs, elle broie des pierres contenant du charbon. La poudre qu’elle obtient lui permet de dessiner, comme une aquarelle, des images inspirées par la flore des terrils.
Une série de sculptures en terre cuite accompagnent les dessins. Elles font écho au travail de récupération qui précède le geste de dessiner. Quelques-unes reprennent des formes de pierres, à l'instar de celles qu’elle trouve sur les terrils.
La boue, l'argile et le papier forment un ensemble d’où poussent de nouvelles formes, comme des plantes. Le végétal et le minéral, dans leurs oppositions – fragilité et résistance - interrogent notre participation au flux du temps. Le geste de création trouve sa vitalité dans ces matières.